Elisabeth Kuhn est née en 1946, tour à tour, danseuse, institutrice, gérante d’une petite boutique rose aux mille secrets, grande voyageuse curieuse, elle est aujourd’hui une retraitée heureuse. Au cœur de la Beauce, sa terre d’adoption, qu’elle nomme sa « mer céréalière », elle jardine désormais, avec le même bonheur, ses mots, son cœur et ses fleurs…
Le désir
Il se couvre de silence et se tapit dans l’ombre
Ou éclate en orage, électrisant les sens
Il survient dans les mains, se glisse au bout des doigts
Il emprunte en aveugle tous les canaux du corps
Et telle une fleur éclot, sur le bout de la langue
Il vient du corps et parle au corps en corps à corps
Il peut être féroce, délicat ou sournois
Il n’a pas d’âge, pas de genre, pas de limite
Son objet est multiple
Et sa fin n’a qu’un but : s’assouvir
Il peut être discret, affamé ou violent
Il s’offre, s’impose, s’enfle, se grime, se fait attendre
Il prend naissance au cœur, ou bien dans l’écorchure
Il prie, il chante, il offre ou il déchire
Il s’éteint de lui-même, se musèle ou ravage
Telle une ombre portée, il suit la vie de près
Naissant au premier jour, s’éteignant en sa fin
Il est source de beau, pourtant il peut faire mal
Il porte l’habit de l’ange ou bien celui du diable
Ses facettes sont multiples et ses parures aussi
Il n’a pourtant qu’un nom, il se nomme Désir