Fatiha Kerkoub Cherifi est née en 1949 à Azzaba, dans une famille modeste de l’est de l’Algérie. Après l’école primaire, elle rejoint Annaba pour continuer ses études au lycée français Pierre et Marie Curie, puis rejoint Alger pour ses études supérieures de Biologie. Elle a ensuite enseigné pendant de longues années les sciences de la vie et de la terre à Alger, et à Azazga. Mère de quatre enfants, elle continue d’écrire de la poésie, des contes et des nouvelles.
L’enfant désiré
Petite, Sarah aimait jouer avec ses poupées, elle les déshabiller, les habiller, leur faisait prendre le bain, et les faisait dormir dans son lit, près d’elle en prenant bien soin de leur chanter une berceuse. Quand elle était plus grande, elle adorait s’occuper des bébés de sa sœur, elle les gardait toute la journée, elle ne s’en lassa jamais, si bien qu’elle pouvait se lever les nuits à chaque fois qu’elle les entendait pleurer…
Quand on la questionnait sur le nombre d’enfants qu’elle voulait avoir, elle répondait : beaucoup ! Son amour pour les enfants devint un désir suprême, un vouloir extrême.
Sarah a vingt-deux ans, elle épousa Mourad dont elle était amoureuse, dans sa robe blanche déjà, elle pensait à son futur bébé, et l’idée de serrer son enfant contre elle ne la quitta point.
Au bout de quelques mois de mariage sans grossesse, elle se mit à douter et à avoir peur, peur d’un avenir sans enfants, peur de ne jamais pouvoir être maman, elle s’impatienta et alla consulter avec son mari, les résultats étaient sans appel, Mourad était stérile, et Sarah elle, était fertile. Elle pleura alors toutes les larmes de son corps, et ne pouvant supporter cette fatalité, elle prit son courage à deux mains et alla en parler à son père, malgré tout l’amour qu’elle portait à son mari, son désir d’enfant était plus fort que tout, elle exprima à son père la volonté de se séparer de Mourad et de se remarier avec un homme qui a déjà des enfants, preuve de fertilité. Après avoir bien réfléchi, et face à la souffrance visible de Sarah, voyant sa fille dans un état psychologique et physique lamentable, son père lui accorda ses doléances. Le divorce entre Mourad et Sarah fut prononcé, et le remariage eut lieu, avec un homme veuf qu’elle ne connaissait pas, mais qui avait des enfants.
Peu de temps après son mariage, Sarah était enceinte, elle sentit enfin son enfant bouger dans son ventre, elle s’est vu renaitre, au bout de quelques mois, Imène est venue au monde, le bonheur de tenir sa fille dans ses bras et de l’allaiter était incommensurable.
Son désir d’enfant fut accompli, un désir qui bouleversa les coutumes, Sarah et sa petite Imène formèrent alors un couple heureux, un couple mère- enfant tant désiré. Un deuxième, puis un troisième, puis un quatrième enfant furent mis au monde par Sarah. Son rêve d’avoir beaucoup d’enfants se réalisait, et elle vécu heureuse entourée de ses propres enfants et les enfants de son mari.