Léa Dubreuil est professeure de français au collège Michel Lotte de Belle île-en-mer, où l’espace est restreint et le temps élargi.
Elle estime que la beauté est partout présente, même si, à certains endroits, avoue-t-elle, il faut bien regarder.
Elle a publié en 2021 son premier ouvrage, Décristalliser, aux éditions Petra. Une œuvre se situant au croisement de la poésie et de la narration, parce qu’il lui semble que c’est à la rencontre des faisceaux multiples que se situent les points de compréhension du monde.
Bastia
Happée par les fenêtre closes
L’ombre des platanes
Et le clocher aux heures désertes
Par les passants à heures fixes
Et les rendez-vous muets des soleils
De midi sur la place du marché
Elle s’anime au son des souliers pressés sur
Les pierres de Brando
Des voix trop fortes éraillées
D’une douleur vierge à chaque matin
Elle effleure le lointain à la digue
Toute aux pécheurs de l’aube
Elle ravive d’une apnée matinale les nuées scintillantes
Et le déploiement des pieuvres sous la roche lisse
Elle hume l’ampleur du bleu et de ses profondeurs
Si près
Elle dévore les escaliers à mesure, tout autour,
Et l’horizon de la place Saint Nicolas
Avide, elle s’abreuve des visages mêlés, multiples,
Mutiques d’amour taiseux
Elle sonde les non-dits, les flottements des heurts
Et la joie
Elle s’embaume des bruissements secs et chantants
« Frade »
« Eh. »
D’un coup, d’un fragment céleste
Il est là
Il se lève
-Libbeciu-
Elle s’embrase